Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Aspects de l'antimilitarisme socialiste en Italie entre les années 80 du XIXe siècle et la Première Guerre Mondiale

Andrea Geuna

Résumé

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Aux alentours des années 60 et 70 les études sur le socialisme dans l’âge de la Deuxième International furent liés aux expériences politiques de la gauche. Dès les années 80, pourtant, avec la crise des modèles politiques marxistes, cette saison historiographique connait un fort recul. Dans les dernières années ces études (en particulier en dehors du contexte italien) ont été davantage entreprises dans une perspective transnationale. Cette thèse veut prendre part à ce renouvellement historiographique. L’analyse d’un cas spécifique (la politique étrangère du socialisme italien entre les années 1880 et 1915) montre les relations du PSI (Parti Socialiste Italien) avec l’« Extrême Gauche » (démocratiques, républicains, radicaux, pacifistes « bourgeois ») et avec l’Internationale et ses partis principaux (surtout SPD et SFIO). Une étude de longue période sur l’antimilitarisme en Italie qui ne se borne pas aux cas de la guerre italo-turque et de la Première Guerre Mondiale (deux sujets qui ont été déjà très développés par l’historiographie) montre clairement les limites de validité de deux paradigmes historiographiques : la « trahison » et l’« échec ». En premier lieu, selon la critique léniniste les deux dimensions de la nation et du prolétariat étaient incompatibles. Donc, les choix de 1914-1915 (« ni adhérer ni saboter », qui exprima l’impossibilité d’empêcher la guerre et le refus de commencer une Révolution) étaient considéré une « trahison ». Toutefois, pendant la période considérée l’opinion opposée prévalait dans le PSI : les travailleurs étaient une part intégrale de la nation et la guerre (limitée à l’objectif de la défense nationale) était considérée légitime. En deuxième lieu, selon le paradigme de l’« échec », l’été 1914 aurait été l’objectif final d’un parcours de plusieurs décennies et, a posteriori, l’élément pour interpréter toute l’histoire de l’Internationale. Le développement de l’antimilitarisme socialiste entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle peut être subdivisé en cinq phases temporelles : -Les premières réflexions sur les thèmes de la paix et de la guerre pendant les premières expansions italiennes en Afrique ; -Les années 1890, avec la naissance du PSI, la bataille d’Adoua et l’insurrection crétoise, qui fut la dernière expérience du volontariat garibaldien ; -La période de Giolitti, durant laquelle la diffusion de l’hervéisme et du syndicalisme révolutionnaire forcèrent le socialisme « officiel » (en Italie et à l’étranger) à repenser ses positions jusqu’à la résolution de Stuttgart de 1907 ; -La guerre italo-turque, qui fut la première preuve de solidarité internationale du prolétariat et vit d’un côté les difficultés du PSI à s’opposer à la guerre et, de l’autre, un fort activisme pour l’Internationale ; -Le déclenchement de la Première Guerre Mondiale. Cette thèse veut abandonner les deux paradigmes de l’« échec » et de la « trahison » et offre une interprétation différente de l’antimilitarisme socialiste en Italie. En trois décennies le PSI et l’« Extrême » réussirent à lutter pour augmenter le contrôle parlementaire sur chaque aspects de la politique du Royaume, dont les institutions bornèrent seulement à la Couronne et au gouvernement le devoir et la responsabilité de gérer la politique étrangère et militaire. En outre, le socialisme italien peut élaborer des théories originelles sur ces sujets et implémenter des actions politiques avec une croissante diffusion populaire, à partir des batailles anticoloniales d’Andrea Costa à la grève générale contre la guerre italo-turque et la « Caisse du Sou au Soldat ». A l’intérieur de ce contexte, la choix de la neutralité en 1914-1915 ne fut pas une seule opposition morale, selon l’interprétation courante de l’historiographie, mais fu une effective proposition politique.

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Jury

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  • M. Christophe Prochasson (Directeur de thèse), EHESS
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  • M. Daniele Menozzi (Directeur de thèse), Ecole normale supérieure de Pise
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  • M. Franco Andreucci, Université de Pise
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  • M. Jean-Numa Ducange, Université de Rouen
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  • Mme Marion Fontaine, Université d’Avignon
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  • M. Silvio Pons, Ecole normale supérieure de Pise
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