Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Devenir Mirabeau. Une nouvelle conception de l'action politique au tournant des Lumières

Pascal Laucoin

Résumé

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À la veille de la Révolution Française, le comte de Mirabeau devient une personnalité politique de premier plan, sans avoir jamais occupé de fonction officielle, et malgré une réputation d’aventurier libertin qui le coupa de son milieu, à la suite d’un spectaculaire procès en séparation gagné par sa femme. Enfermé à la demande de son père au donjon de Vincennes, il fait de sa cellule, par la magie de l’imprimé, sa première tribune, d’où il érige les lettres de cachet en symbole honni de l’absolutisme. Dès 1775, il avait commencé une carrière de pamphlétaire réclamant des libertés civiles et politiques, et prônant une évolution du régime vers une monarchie parlementaire et constitutionnelle. Troquant la notabilité pour la popularité, il usa de ce qui lui restait de noble, son titre de comte, pour le mettre sur la couverture d’un brûlot dénonçant la noblesse héréditaire et ses privilèges. C’est ainsi qu’il devient un traître aux yeux des siens, et un héros pour le tiers état et ce que l’on appelait le parti patriote. Sa stratégie consiste à soulever l’opinion publique pour faire pression sur le gouvernement, et s’imposer à lui comme un recours providentiel. Mais celui-ci refusa toujours de l’employer officiellement, tout en recourant parfois à sa plume, contre un peu d’argent et quelques avantages, sans jamais comprendre l’intérêt de la stratégie qu’il proposait – alliant publicité et secret – ni le danger qu’il pouvait représenter. Porté par ses succès dans l’opinion et ses rêves de grandeur, il n’en développe pas moins une ambition nouvelle, indépendante des coteries de la Cour. Ses écrits révèlent l’ampleur des transformations de la culture politique française antérieure à la Révolution, tant sur le plan des idées que des pratiques. Ils permettent également de mieux comprendre le brutal effondrement d’un régime multiséculaire, dont la fameuse répartie de Mirabeau, opposant la « volonté du peuple » à la force des « baïonnettes », demeure comme le symbole.

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Jury

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  • M. Patrice Gueniffey (Directeur de thèse), EHESS
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  • Mme Manuela Albertone, Université de Turin
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  • M. Hervé Leuwers, Université de Lille
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  • M. Robert Morrissey, Université de Chicago
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  • Mme Anne Simonin, CNRS
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  • M. Emmanuel de Waresquiel, EPHE
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