Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

La paternité "ordinaire" en prison

Marine Quennehen

Résumé, Comment l’incarcération affecte-t-elle le rôle paternel ? La prison produit des conditions spécifiques d’actualisation de ce rôle, définies par les conditions d’incarcération et d’autres éléments provenant du parcours biographique. Il s’agit d’appréhender la paternité non pas à travers une seule dimension (le lien père-enfant en prison), mais plusieurs (histoire familiale, conjugale, etc.).   Cette thèse fait dialoguer la sociologie de la famille, du genre et de la disqualification sociale, et propose une approche pluridimensionnelle de son objet, la paternité en prison. Nous distinguons et articulons trois dimensions : une analyse relationnelle de la paternité en contexte d’incarcération, saisie par les pratiques concrètes des pères détenus et de leur entourage ; une approche biographique replaçant le présent dans l’histoire familiale des pères rencontrés ; et enfin, une analyse « compréhensive » des normes, qui s’efforce de saisir comment ces hommes pensent et analysent leur rôle de père. Cette thèse repose sur des entretiens répétés avec soixante-dix détenus, rencontrés de deux à trois fois dans deux maisons d’arrêt et deux centres de détention. Cette méthodologie induit un retour réflexif des enquêtés sur eux-mêmes. Conjointement, des entretiens ont été réalisés avec différent∙es professionnel∙les travaillant en milieu carcéral, complétés par des observations ethnographiques en détention et lors de réunions des commissions d’aménagement des peines, dans le but de comprendre dans quelle mesure la paternité en prison était prise en compte par l’institution.   Cette thèse met en évidence deux résultats principaux. La paternité, tout d’abord, peine à acquérir une place prépondérante dans les récits, les pratiques et les espaces de la détention. Il n’existe pas d’attentes particulières de l’institution concernant les liens familiaux des hommes incarcérés. Les hommes détenus n’ont aucune visibilité sociale en tant que pères. Le second résultat est qu’il n’existe pas une paternité en prison, mais bien un éventail de situations paternelles. Nous avons forgé une typologie des paternités en prison qui se décline en quatre types : « marginale », « suspendue », « brisée » et « ressource »., Jury,

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  • Mme Irène Thèry (Directrice de thèse), EHESS
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  • M. Laurent Toulemon (Co-Directeur), INED
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  • Mme Coline Cardi, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis
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  • Mme Pascale Jamoulle, Université Catholique de Louvain
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  • Mme Agnès Martial, CNRS
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  • Mme Corinne Rostaing, Université Lyon 2
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