Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Politiques du mythe au XXe siècle, entre fascisme et critique

Sara Minelli

Résumé

,

La thèse porte sur la politisation du mythe au début du XXe siècle. La notion de mythe apparaît en effet massivement dans le langage politique au tournant siècle, à partir du romantisme, et elle est ensuite revendiquée par les régimes fascistes en Italie et en Allemagne : il s’agit, selon la propagande, de réaliser le mythe de la nation, de la « race », ou encore du « Troisième Reich ». Loin de signifier l’illusion, ou encore la fable plaisante dont il était sous les Lumières, le mythe est désormais une réalité politique. Or, la politisation de la notion de mythe coïncide sous le fascisme avec ce qui a pu être considéré comme une mythisation du politique, c’est-à-dire la mise en place de rassemblements de masse sous forme de liturgies, l’utilisation de symboles et de rites, l’héroïsation du chef, typiques des fascismes. L’usage du mythe pour susciter l’enthousiasme des masses, théorisé d’abord par Georges Sorel en 1906, semble ainsi être l’élément essentiel d’une nouvelle forme de politique. Jusque là attribué aux « autres », les soi-disant « primitifs », et représentant le contraire de la raison, le mythe exprime désormais, au moment où les masses acquièrent une importance politique inédite, la dimension non-rationnelle, imaginaire et affective de l’action collective, en même temps qu’il est placé au cœur de l’idéologie fasciste, élaborée par des intellectuels proches des régimes, de Carl Schmitt à Julius Evola. En retraçant l’histoire de la notion de mythe, il s’agit alors de faire apparaître cette ambivalence, de son émergence jusqu’aux critiques philosophiques qui – d’Ernst Bloch à Max Horkheimer et Theodor Adorno, ou encore Ernst Cassirer – cherchent à saisir l’emprise de la domination totalitaire sur les masses à partir du mythe. En m'appuyant sur ce que Furio Jesi appelle la « machine mythologique », je montre en effet que ce dernier a tendance à être hypostasié comme une force agissant sur les « masses », qui remplacent alors les soi-disant « primitifs ». La critique du mythe s’avère donc nécessaire pour comprendre son rôle dans l'histoire contemporaine, sans succomber en même temps à sa fascination.

,

Jury

,
    ,
  • M. Pierre Bouretz (Directeur de thèse), EHESS
  • ,
  • Mme Paula Diehl (Co-Directrice), Christian Albrechts-Universität zu Kiel
  • ,
  • M. Vincent Delecroix, EPHE
  • ,
  • Mme Isabelle Kalinowski, CNRS
  • ,
  • M. Marc de Launay, CNRS
  • ,
,

 

,

 

Partager ce contenu