Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Trouver sa vie à Mayotte. Dispositifs et pratiques de soin des jeunes personnes en situation d'affliction

Mathilde Heslon

Résumé :

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Cette thèse porte sur des dispositifs et pratiques de soin de jeunes personnes en situation d’affliction à Mayotte. Elle montre de quelle manière ces afflictions individuelles s’articulent aux tensions et conflits sociaux provoqués principalement par les migrations et la récente départementalisation française. Ces afflictions sont en effet la conséquence des difficultés que ces jeunes personnes rencontrent pour « trouver leur vie » dans une société en mutation où presque la moitié de la population est d’origine étrangère. Ainsi, les afflictions des jeunes concernent très souvent des problèmes d’affiliation au groupe utérin, ou d’intégration au groupe d’entraide. Plutôt que de traiter ces difficultés dans les termes de « malheurs » ou d’« infortunes » – en mettant l’accent sur les adversités vécues – ce travail ethnographique les envisage en tant qu’ « afflictions », c’est-à-dire en tant qu’expérience vécue d’une douleur et d’une souffrance profondes.  Pour répondre à ces afflictions et aider ces jeunes à « trouver leur vie », leur entourage et eux-mêmes ont recours à différents dispositifs de soin. Les trois principaux dispositifs auxquels ils font appel sont : 1) le mariage, conçu ici comme un dispositif d’alliance capable d’intégrer un individu à une collectivité en lui accordant un changement de statut et en réaffirmant son affiliation ; 2) les rituels d’affliction, qu’il s’agisse de pratiques islamiques ou de rituels de possession d’esprit ; 3) les dispositifs médico-sociaux, qui sont souvent des institutions étatiques ou financées par ces dernières. Ces différents dispositifs répondent aux afflictions des jeunes de trois façons principales : ils permettent de changer leur statut, qu’il soit administratif ou social ; ils réalisent une médiation relationnelle en cas de conflit ; enfin, ils font en sorte de resocialiser des personnes gardées aux marges de la société.   Si tous les jeunes ne sont pas affligés, la plupart des jeunes se trouvant sur l’île sont des personnes n’ayant pu se rendre en métropole pour poursuivre leurs études ou trouver un travail, et sont fréquemment de nationalité étrangère. Ces jeunes étrangers sont alors particulièrement pris en charge par les dispositifs médico-sociaux. Par ailleurs, le genre de la personne affligée influence également le type de dispositif auquel elle a recours : alors que les jeunes filles sont plus facilement prises en charge par leurs familles dans le cadre des dispositifs d’alliance ou de rituels d’affliction, les jeunes garçons se tournent davantage vers les dispositifs médico-sociaux.

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Jury

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  • M. Richard Rechtman (Directeur de thèse), EHESS
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  • M. Laurent Berger (Co-directeur), EHESS
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  • Mme Serena Bindi, Université Paris Cité
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  • Mme Sophie Blanchy, CNRS
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  • M. Michael Lambek, Université de Toronto
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  • Mme Marika Moisseeff, CNRS
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  • M. Ismaël Moya, CNRS
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