Professeur.e.s et chercheur.e.s invité.e.s 2023-2024

Vincent BLOCH

Du 15/12/2023 au 15/01/2024

Enseignant au sein du programme d’études libérales de l’Université de New York il est chercheur associé au CESPRA et l’auteur de Cuba, une révolution (Vendémiaire, 2016) et de La Lutte. Cuba après l’effondrement de l’URSS (Vendémiaire, 2018). Dans la continuité de ses premiers travaux, ses recherches actuelles portent sur les « mondes qui se défont », dans divers contextes de délitement des dispositifs institutionnels et légaux, d’éclipse des repères idéologiques et de redéfinition des frontières.

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Résumés des conférences de Vincent Bloch

Le castrisme de marché : patrimonialisme, prédation, transnationalisme dans le cadre du séminaire Sociologie de l'Amérique latine contemporaine : politique et sociétés (1980-2023).

  • Après qu'il a accédé officiellement au pouvoir, Raúl Castro a entrepris, dans une certaine mesure, de desserrer les restrictions qui ont pesé pendant cinquante ans sur la liberté d'entreprendre, d'acquérir et de circuler à Cuba. Dans ce contexte, les sciences sociales proposent deux types d'analyses : les premières insistent sur les multiples formes de résistance de la société face à l'État et les secondes décrivent la transition du régime politique cubain du totalitarisme vers la démocratie. L'affaiblissement de la dimension symbolique du régime ne s'est néanmoins pas accompagné d'un effondrement du système de normes qui le faisait fonctionner. Les entrepreneurs "à leur compte", les Cubains qui entrent et sortent de l'île à leur guise et les artistes "critiques" qui se sont insérés dans le marché international de la culture peuvent bénéficier des réformes s'ils admettent en retour les limites qui leur nt été fixées par l'élite au pouvoir. Le parti communiste continue de nier le conflit et les divisions sociales et n'est pas disposé à cesser d'administrer le pouvoir par l'arbitraire.

Communisme et révolution à Cuba dans le cadre du programme collectif de recherche du CESPRA, Guerres, guerres civiles, révolutions

  • Les dirigeants au pouvoir à Cuba ont réduit toute la trame historique de l’île à une lutte pour l’égalité et la justice sociale, frustrée par le pouvoir colonial espagnol puis l’impérialisme américain, avant que la guérilla du Mouvement du 26 Juillet, dirigée par Fidel Castro, ne permette le « triomphe de la Révolution ». Certains historiens de la Révolution cubaine expliquent le « virage communiste » de 1961 par un complot ourdi de longue date par Fidel Castro et son entourage, tandis que d'autres l'inscrivent dans le contexte propre à la Guerre Froide, qui selon eux ne laissait face à l’hostilité des États-Unis que l’option d’une alliance avec l’Union Soviétique. Il est néanmoins impossible, d’une part, de rendre compte de la cassure révolutionnaire à Cuba en se limitant à une analyse de la configuration armée et des intentions des acteurs politiques, au gré de circonstances imprévisibles, et, d’autre part, de réduire le processus révolutionnaire à un projet nationaliste alimenté depuis la première guerre d’indépendance en 1868 par des frustrations fonctionnelles. Cette conférence aura pour objectif de décrire la mise en forme idéologique de la révolution cubaine et l’établissement d’un nouveau système de règles à partir de l’interaction entre les répertoires de l’action collective et les modes de soutien au nouveau pouvoir, afin de comprendre comment un nouveau régime politique s'est constitué à partir de la refonte du droit, du relai et de l'appui des communistes et de la création des organisations qui ont fourni une assise bureaucratique au nouveau pouvoir, sans pour autant priver les individus de toute marge de manœuvre et forme de quant-à-soi.  

Droits Humains, justice pénale internationale et réparations : de Nuremberg aux revendications autochtones dans le cadre du séminaire Sociologie de l'Amérique latine contemporaine : politique et sociétés (1980-2023).

  • Comment la question de la violence massive est devenue globale et comment les systèmes juridiques nationaux et internationaux se sont adaptés à cette évolution et à la volonté ou à l’absence de volonté tant des pouvoirs politiques que des sociétés de rendre justice aux victimes ? En partant de la gestation des catégories juridiques mobilisées dans le sillon du procès de Nuremberg, cette communication examinera la façon dont l’imprescriptibilité a été utilisée comme levier pour contraindre les auteurs d’atteintes majeures aux Droits humains de répondre de leurs actes, avant de revenir sur quelques-uns des contextes et quelques-unes des modalités à travers lesquelles ces derniers ont été jugés, puis de réfléchir à la mise en place de formes de « réparation » dans la période récente et au cours des années à venir.

Cuba l'exil et la diaspora dans le cadre du programme de recherche AgorAkademi

La lucha à Cuba : penser un phénomène normatif dans le cadre su séminaire Appréciation de la démocratie représetnative.2.

  • Davantage que la déclinaison cubaine de la « débrouille » ou de la « résistance », la lucha est un fait social total qui invite à la description ethnographique de pratiques en situation, afin de mieux comprendre les normes tacites et locales dans lesquelles elle s’inscrit, les contraintes spécifiques auxquelles elle renvoie et le sens de la réalité qu’elle véhicule et perpétue. La lutte/lucha est l’indice d’une forme de vie, et en ce sens, elle est une piste qu’il est difficile de suivre sans accepter de faire feu de tout bois, c’est-à-dire de suivre en réalité plusieurs pistes, à partir d’indices, de traces, de contextes, qui ébranlent toute certitude méthodologique. Les pistes de la lutte mènent petit-à-petit à une vue synoptique. La multiplication des points de vue, combinée à l’analyse, permet finalement, tout en suivant des pistes hachées, de cerner une forme de vie, dans ce qu’elle a d’englobant. La forme du régime dans la durée, en quelque sorte.

Annunziata ROCIO

Du au 05/01/2024 au 05/02/2024

Chercheuse adjointe au Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas (CONICET) dans l’Instituto de Investigaciones Políticas (IIP) du CONICET et de l’Université de San Martín (UNSAM), elle enseigne la Théorie Politique dans le programme doctoral en Science Politique de l’UNSAM et la Théorie Politique Contemporaine à l’Université de Buenos Aires. Elle dirige la collection « Pensamiento Político Contemporáneo » chez Prometeo.

Elle s’intéresse aux dispositifs institutionnels de participation et délibération citoyenne, aux budgets participatifs, à la participation citoyenne en ligne et aux mouvements citoyens et travaille aussi sur les leaderships et la politique de proximité en Argentine, se concentrant sur les discours des leaders dans les réseaux sociaux.

Secrétaire puis Directrice de la Recherche de l’Escuela de Política y Gobierno (EPyG) de l’UNSAM de 2016 à 2019, elle est actuellement Conseillère du Conseil Supérieur de l’Université Nationale de San Martín et Membre du Comité Directif de l’Institut de Recherches Politiques (IIP).

Membre du réseau de recherche Instituto da Democracia e da Democratização da Comunicação (INCT-IDDC), du projet Uneven Urban Democracy: inequality and political participation in Buenos Aires de la British Academy, et du conseilscientifqiue de l’organisation People Powered, elle est aussi consultante du Budget Participatif des Jeunes pour Unicef Argentina. 

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Résumés des conférences d'Annunziata Rocio

Populisme et représentation politique. La politique de proximité comme populisme sans peuple dans le cadre du séminaire Philippe Urfalino et Gilles Bataillon Appréciations de la démocratie représentative.

La politique de proximité de Mauricio Macri en Argentine. Analyse à partir de l’approche performative dans le cadre du séminaire de Philippe Urfalino et Gilles Bataillon, Appréciations de la démocratie représentative.

De la participation à l’innovation : les expériences de délibération en ligne promues par la ville de Buenos Aires dans le cadre du séminaire de Valérie Beaudoin et Julia Velkovska, Sociologie du numérique : d’internet à l’intelligence artificielle.

Les menaces pour les démocraties contemporaines : constats et hypothèses à partir du cas argentin, dans le cadre du séminaire de doctorat de Loïc Blondiaux, Paris 1, Panthéon Sorbonne.


Laurence KAUFMANN

Du au 02/02/2024 au 30/05/2024

Titulaire d’un doctorat de sciences sociales à l’EHESS et à l’Université de Lausanne, Laurence Kaufmann est Professeure de sociologie de la communication et de la culture à l’Université de Lausanne. Recourant principalement à la sociologie mais aussi à l’histoire, la philosophie, la linguistique et la psychologie, ses recherches de facture interdisciplinaire portent sur l’espace public, l’opinion publique et la constitution des collectifs, ainsi que sur l’autorité de la première personne, le rôle des émotions et plus récemment la question de l’identité.

Auteure de nombreux articles, elle a également co-dirigé trois numéros de la collection Raisons pratiques de l’EHESS: (2021) Les émotions collectives. En quête d’un « objet » impossible, (2010)Qu’est-ce qu’un collectif ? Du commun au politique, et (2004) L’invention de la société. Nominalisme politique et invention des sciences sociales au 18e siècle.  Elle a co-dirigé La sociologie cognitive (2011) et plusieurs dossiers dont, en 2014, « Affecter, être affecté. Autour des travaux de Jeanne Favret-Saada », paru dans SociologieS. Son intérêt pour les capacités sociales l’a également conduite à publier aussi bien dans des revues de psychologie que de neurosciences. Elle est l’auteure, avec F. Clément, du livre Le monde selon John Searle (Cerf, 2005).

Laurence Kaufmann prépare actuellement un livre sur l’efficacité analytique, le potentiel prédictif et les enjeux politiques d’une approche sociologique en termes de places.

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Résumés des conférences de Laurence Kaufmann

« Casser la figure ». Visage, face et masque dans le cadre du séminaire de Barbara Carnevali – L’individualisme esthétique : de Rousseau à Foucault (et aujourd’hui) 2.

  • Dans cette conférence, nous nous arrêterons sur le travail de figuration qui permet aux agents sociaux de négocier leur « être-frontière » et de filtrer ce qu’ils laissent apparaître dans les situations où ils prennent place. Du point de vue analytique, la notion de figuration a la profondeur tout à la fois sensible et dramaturgique de la mise en scène réciproque que constituent les interactions de face-à-face. La figure a en effet une ontologie double, à la fois matière et forme, signe et symbole. Appréhendée en tant que symbole, la figure renvoie au sens de mise en scène, de re-présentation publique, de rôle et de personnage. Dans ce cadre théâtral, elle s’oriente vers la face ou même le masque : elle est une abstraction, un artefact, une projection unificatrice : le corps y est absent. En revanche, appréhendée en tant que signe, la figure renvoie à une « forme » ou même à un « moule » sensible et incarné. Contrairement à la figure-symbole du masque, la figure-signe s’oriente vers le visage et garde le lien indiciel qui la lie à un corps vivant et à une identité singulière. C’est dans cet entre-deux, dans cette immersion à mi-corps, entre le visage nu et le visage artificiel, le sensible et le symbolique, le présent et l’absent, le montré et le caché, le privé et le public, que se glissent deux cas sur lesquels nous nous arrêterons : d’une part le masque sanitaire, d’autre part le visage médié par des technologies de communication à distance.  

Ces émotions auxquelles nous sommes attachés. Vers une phénoménologie politique de l’espace public dans le cadre du séminaire du CESPRA, Un regard politique (Stéphane Audoin-Rouzeau, Frédéric Brahami, Barbara Carnevali).

  • Après avoir distingué les différentes manières dont les interprétants culturels et les règles sociales interviennent dans la configuration des émotions, cette conférence se penchera sur l’enjeu politique que constitue la délimitation des émotions qui peuvent être mobilisées ou partagées ou, au contraire, celles qui sont jugées inconvenantes ou défectueuses. Au niveau collectif, cet enjeu, qui est celui de qui peut et doit ressentir quoi vis-à-vis de qui, est au cœur du pouvoir performatif des interpellations émotionnelles qui prennent place dans l’espace public : celui de faire advenir à l’existence sociale et politique le collectif qu’elles affectent et concernent, mais aussi le collectif dont elles se détachent ou auquel elles s’opposent. Un tel pouvoir interpellatif est particulièrement important pour des collectifs « acéphales » comme celui des Gilets Jaunes. En l’absence d’une structure de représentation, c’est en effet l’alignement affectif qu’il est à même de susciter qui lui permet de se constituer et de se maintenir. Sans cette émotion qui le tient à bout portant, le collectif risque de s’essouffler ou de s’effondrer. La surenchère émotionnelle qui galvanise les différentes arènes publiques pourrait ainsi s’expliquer en partie par la fragilité ontologique des collectifs éphémères qu’elles mettent en jeu. Ces réflexions nous invitent à compléter le lexique quelque peu sentimental ou thérapeutique du « partage émotionnel » par le lexique plus politique du pouvoir performatif des émotions. Seul ce dernier est à même de poser les jalons d’une phénoménologie politique attentive à l’expérience en première personne comme au pouvoir de ré-alignement des émotions auxquelles nous sommes attachés.

La fin de la déférence ? L’illusion de la réalité immédiate dans les espaces publics contemporains dans le cadre du séminaire de Gloria Origgi, Épistémologie sociale et politique : les enjeux de la diversité.

  • Le maximalisme normatif des modèles participatifs de la sphère publique a souvent conduit les penseurs de la démocratie à les juger inopérants ou impraticables. Cette conférence propose une conceptualisation plus minimaliste de l’espace public, qui souligne la nécessité ontologique de la représentation et de la déférence dans la constitution des communautés imaginées. Dans un deuxième temps, il s’agira de se pencher sur le rejet d’une telle déférence dans les espaces publics contemporains. La représentation et la déférence sont devenues – souvent à juste titre – synonymes de manipulation et de mensonge. Parmi les nombreuses mouvances qui récusent les médiations et la logique de la représentation, nous nous arrêterons en particulier sur le mouvement hacktiviste Anonymous, la mouvance populiste à la « D.Trump » et la communauté des « Platistes ». Chacun à leur manière, ils aspirent à effacer toute trace de déférence. Ce faisant, ils tendent à éroder la structure pluraliste de la sphère publique et à rendre difficile le projet de la constitution d'un savoir et d’un monde communs. 

« Faire collectif » : une approche simmélienne dans le cadre du séminaire de Philippe Urfalino, Corps politique, pouvoir et règle de majorité.

  • D’un point de vue théorique, les sciences sociales ont toujours oscillé entre une conception nominaliste des collectifs comme étant réductibles aux individus qui les composent, et une conception réaliste qui leur reconnaît un pouvoir et un mode d’existence propre. Ces réflexions ont pris ces dernières décennies un nouvel élan grâce aux réflexions philosophiques sur l’intentionnalité collective, qui voient dans les « attitudes en Nous » le ciment social nécessaire à la transformation d’un agrégat d’individus en un véritable collectif. Après une discussion critique de cette hypothèse, cette conférence s’inspire des réflexions de Georg Simmel pour conceptualiser les collectifs non pas en termes d’attitudes mais en termes de configurations relationnelles. Bien que les individus puissent être absorbés par ces configurations au point de devenir interchangeables et agir ou penser non pas comme un Nous mais comme un On, il n’en reste pas moins que le Nous doit rester un principe essentiel de l’être-ensemble : sa constitution, si tant est qu’elle garde la trace des Je à son principe, représente en effet l’idéal politique de nos sociétés démocratiques.

Chiara BOTTICI

Du 08/01/2024 au 05/02/2024

Chiara Bottici est professeure au Département de Philosophie de la New School for Social Research de New York. Son travail est consacré à l’exploration des différents aspects de la politique de l’imagination. Au cours de ses premières années de recherche, elle s’est concentrée sur les domaines du mythe, de la mémoire et de la religion, avant de compléter ce travail en se concentrant sur le genre, les sexualités et la philosophie féministe.

Dans Imaginal politics: Images beyond Imagination and beyond the Imaginary (Columbia University Press, 2014), elle a développé une théorie générale sur le rôle politique de notre capacité à imaginer. Elle comprend cette aptitude à travers le concept philosophique d'imaginal qui désigne un espace psychologique à la fois individuel (comme le fruit de l’imagination individuelle) et collectif (comme l’imaginaire social). En conséquence, le concept d’imaginal échappe aux dichotomies telles que celles entre l’individuel et le social, ou l’imaginaire et le réel. Ce travail philosophique rassemble des études sur la mémoire sociale et collective, sur le mythe et le symbolisme politiques, sur la propagande ou encore sur la politique identitaire, soit l’ensemble des domaines où, particulièrement à l’ère des médias sociaux, l’individuel et le social fusionnent d’une manière souvent inattendue. Ces dernières années, Chiara Bottici a poursuivi cette recherche en se concentrant sur les régimes politiques néo-autoritaires et néo-fascistes, et en répondant à leurs critiques dans le volume Debating Imaginal Politics.

Dans son livre Anarchafeminism (Bloomsbury, 2022), elle a également développé une philosophie féministe basée sur la thèse suivante : l’oppression des femmes et des personnes LGBTQ+ est une chose toute spécifique qui nécessite une remise en question de l’ensemble des autres formes de domination, y compris l’exploitation capitaliste, la domination raciale et l’épuisement écologique. Ce dernier livre a été traduit en cinq langues, dont le français. Alors qu’une traduction française de son Manifeste anarcha-féministe, version abrégée du livre, est parue en janvier 2023, Anarchafeminisme paraîtra bientôt : sa venue à l’EHESS serait donc l’occasion de présenter et discuter cette traduction. Dans le projet scientifique proposé, Chiara Bottici présentera sa théorie de la politique imaginaire et ses travaux plus récents sur la manière dont le genre et les sexualités cartographient notre perception et notre action dans le monde social. 

Chiara Bottici est invitée dans le cadre de la collaboration entre l’EHESS et la New School.

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Résumés des conférences de Chiara Bottici

Rethinking political myth, unpacking the settler-colonial dream of an “American Arcadia” dans le cadre du séminaire Cosmologies et polythéismes anciens et contemporains : approches comparées du rapport à l'invisible.

  • The idea of an “American Arcadia”—a natural paradise and empty space for settlers to fill with their own civilization—is an important component of the American founding mythology. The white supremacist obsession with neo-classicism in architecture is only one aspect of this myth. The same narratives can be found even in contexts that reject white supremacy. In particular, I argue that theory and philosophy themselves can also be a site for reproducing this mythology. In this intervention, I therefore ask: Why are US banks, courts, federal buildings, but also libraries, colleges, and school curricula so consistently wrapped up in neoclassical garments? How is the myth of an “American Arcadia” glued together with that of “The Great Books” tradition? I begin by defining political myth and distinguishing it from ideology. The concept of an “American Arcadia” in American culture goes beyond an ideological description of reality — it aims to create a world mirrored by myth. This political myth maintains the settlers’ culture as the standard of knowledge, systematically erasing indigenous knowledge and traditions. Instead of abandoning this political myth as if it did not exist, however, I argue for a critical engagement with it and a pluralization of the possible founding mythologies for a more inclusive US society. Critical theory should go hand in hand with a feminist and decolonial attitude that effectively challenges epistemic privileges and produces a more open and pluralist political mythology.

Anarchafeminism dans le cadre du séminaire La fabrique des rapports. Une lecture de Pašukanis

  • How can we be sure the oppressed do not become oppressors in their turn? How to put forward a call for a feminist position that does not turn the latter into yet another tool for oppression, or, even worst, white privilege? It has become something of a commonplace to argue that, in order to fight the subjugation of women, it is necessary to adopt a broad understanding of the more general mechanisms of domination, namely one that unpacks the ways in which different forms of oppression intersect with one another. Yet, strikingly enough, in the contemporary literature on intersectionality, there is hardly any mention of a particular feminist tradition of the past that has been claiming the same point for a very long time: anarchist feminism, or we prefer to call it, “anarchafeminism.” This talk reconstructs the genealogy of anarchafeminism, that is of a philosophy that combines two major claims: that there is something specific in the oppression of women, and the “second sexes” and that, in order to fight that oppression, we need to concomitantly untangle all the other forms of oppression, beginning with capitalist exploitation, racial discrimination, and an anthropocentric politics of domination over nature.

From individuality to transindividuality: towards a as queer ecology dans le cadre du séminaire Comment vivre ensemble (si on ne partage pas la même espèce) : pour en finir avec l'idée d'écosystème.

Attention changement de salle - Salle Walter Benjamin Salle 140

  • In this talk, I will reconstruct Etienne Balibar’s reading of Spinoza’s Ethics, and assess his claim that individuality, in Spinoza, must always be understood as a form of transindividuality. Whereas a lot has been written on the notion of transindividuality, very few have insisted on the radical “ecocentric egalitarianism” (Arne Naess) that this view generates and how that can help to address some of the most urgent ecological issues of our time. In particular, in this conference, I will argue that such a transindividual social ontology generates a form of queer ecology that radically subverts the idea of scala naturae that we have inherited from Western metaphysics.

Queer ecology dans le cadre du séminaire Recherches sur les homosexualités. Études LGBTI.

  • In this conference, I argue for the need to combine a decolonial ecofeminist approach with a philosophy of transindividuality inspired by Etienne Balibar’ and Moira Gatens’ reading of Spinoza’s Ethics. The latter depicts a form of “somatic communism” (Paul Preciado), in which every individuality is conceived as a transindividuality, that is a process of becoming that takes place at the suprainter and infra-individual level, and that generates therefore a form of eco-centric egalitarianism. By questioning all rigid boundaries, along with the hierarchies that they sustain, the philosophy of transindividuality transform ecofeminism into a queer ecology, one where the Christian and Western idea of a scala naturae, according to which man> woman> slave> animal> inanimate matter, is radically questioned. As such, we will argue that queer ecology is not only an ecology produced by queer people, but also one that questions the heteropatriarchal world and the gender binarism we have inherited from Western modernity.

Tore REM

Du 25/01/2024 au 09/02/2024

Actuellement directeur de l'UiO : Démocratie, une initiative de recherche interdisciplinaire sur la démocratie à l'Université d'Oslo, il est à l'origine spécialiste de la littérature anglaise, dont il est également titulaire d'une chaire. Il a travaillé dans des domaines variés : biographie et écriture de vie, histoire du livre et sociologie littéraire, littérature mondiale et histoire du théâtre, littérature de guerre, justice transitionnelle, ainsi que plus généralement sur la littérature scandinave et britannique des XIXe et XXe siècles. Ses travaux récents portent sur Knut Hamsun : Reisen til Hitler [Le voyage vers Hitler] (2014), une biographie en trois volumes du roi Olav V de Norvège (2020-22), la rédaction générale de la nouvelle édition Penguin Classics de l'écrivain Henrik Ibsen (2014-19) et sa monographie, Scandinavia and the Making of a World Drama (co-écrite avec Narve Fulsås, 2018), et l'anthologie Ibsen in Context (co-éditée avec Narve Fulsås, 2021).

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Résumés des conférences de Tore Rem

A Republic in Disguise?’ The history of the Norwegian monarchy in the 20th century dans le cadre du séminaire de Yohann Aucante Les paradoxes du progrès : sur les transformations contemporaines des modèles nordiques

The Welfare State, Politics, and Culture: Jens Bjørneboe, ‘The Second Front’, and opposition to Norwegian social democracy in the 1950s and 60s dans le cadre du séminaire de Yohann Aucante Les paradoxes du progrès : sur les transformations contemporaines des modèles nordiques


Ann Laura STOLER

Du 07/05/2024 au 07/06/2024

Ann Laura Stoler is Willy Brandt Distinguished University Professor of Anthropology and Historical Studies at The New School for Social Research. Stoler is the director of the Institute for Critical Social Inquiry. She taught at the University of Michigan from 1989-2003 and has been at the New School for Social Research since 2004, where she was the founding chair of its revitalized Anthropology Department. She has worked for some thirty years on the politics of knowledge, colonial governance, racial epistemologies, the sexual politics of empire, and ethnography of the archives. She has been a visiting professor at the École des Hautes Études, the École Normale Supérieure and Paris 8, Cornell University’s School of Criticism and Theory, Birzeit University in Ramallah,  the Johannesburg Workshop in Theory and Criticism, Irvine’s School of Arts and Literature, and the Bard Prison Initiative. She is the recipient of NEH, Guggenheim, NSF, SSRC, and Fulbright awards, among others. Recent interviews with her are available at Savage MindsLe Monde, and Public Culture, Itinerario, Dis(Closures), as well as Pacifica Radio.

Her books include Capitalism and Confrontation in Sumatra’s Plantation Belt, 1870–1979 (1985; 1995) Race and the Education of Desire: Foucault’s History of Sexuality and the Colonial Order of Things (1995), Carnal Knowledge and Imperial Power: Race and the Intimate in Colonial Rule (2002, 2010), Along the Archival Grain: Epistemic Anxieties and Colonial Common Sense (2009) and Duress: Imperial Durabilities in Our Times (2016), as well as.the edited volumes Tensions of Empire: Colonial Cultures in a Bourgeois World (with Frederick Cooper, 1997), Haunted by Empire: Geographies of Intimacy in North American History (2006), Imperial Formations (with Carole McGranahan and Peter Perdue, 2007) and Imperial Debris: On Ruins and Ruination (2013) and Thinking with Balibar (Fordham 2020), edited with Jacques Lezra, and Stathis Gourgourias.  Her commitment to joining conceptual and historical research has lead to collaborative work with historians, literary scholars and philosophers, and most recently in the creation of the journal Political Concepts: A Critical Lexicon, of which she is one of the founding editors.

Professor Stoler is the Founding Director of the Institute for Critical Social Inquiry (ICSI)

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