Professeur.e.s et chercheur.e.s invité.e.s 2023-2024

Vincent BLOCH

Du 15/12/2023 au 15/01/2024

Enseignant au sein du programme d’études libérales de l’Université de New York il est chercheur associé au CESPRA et l’auteur de Cuba, une révolution (Vendémiaire, 2016) et de La Lutte. Cuba après l’effondrement de l’URSS (Vendémiaire, 2018). Dans la continuité de ses premiers travaux, ses recherches actuelles portent sur les « mondes qui se défont », dans divers contextes de délitement des dispositifs institutionnels et légaux, d’éclipse des repères idéologiques et de redéfinition des frontières.

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Résumés des conférences de Vincent Bloch

Le castrisme de marché dans le cadre du séminaire Sociologie de l'Amérique latine contemporaine : politique et sociétés (1980-2023).

  • Après qu'il a accédé officiellement au pouvoir, Raúl Castro a entrepris, dans une certaine mesure, de desserrer les restrictions qui ont pesé pendant cinquante ans sur la liberté d'entreprendre, d'acquérir et de circuler à Cuba. Dans ce contexte, les sciences sociales proposent deux types d'analyses : les premières insistent sur les multiples formes de résistance de la société face à l'État et les secondes décrivent la transition du régime politique cubain du totalitarisme vers la démocratie. L'affaiblissement de la dimension symbolique du régime ne s'est néanmoins pas accompagné d'un effondrement du système de normes qui le faisait fonctionner. Les entrepreneurs "à leur compte", les Cubains qui entrent et sortent de l'île à leur guise et les artistes "critiques" qui se sont insérés dans le marché international de la culture peuvent bénéficier des réformes s'ils admettent en retour les limites qui leur nt été fixées par l'élite au pouvoir. Le parti communiste continue de nier le conflit et les divisions sociales et n'est pas disposé à cesser d'administrer le pouvoir par l'arbitraire.

Les "prises de maquis" à Cuba dans le cadre du séminaire Sociologie de l'Amérique latine contemporaine : politique et sociétés (1980-2023).

  • L'objet de cette communication sera, à partir d'une analyse historique, de décrire la complexité des alzamientos ("prises de maquis") qui survinrent à Cuba entre 1959 et 1965, en réfléchissant à la façon dont s'y sont entremêlés des pratiques ancrées dans les temps longs de l'histoire locale, des registres de l'action politique participant du "système des concurrents pour le pouvoir", et des enchaînements séquentiels qui ont déplacé les affrontements vers un terrain idéologique, puis vers des représentations fantasmagoriques autour de la figure de la barbarie.

La lucha à Cuba comme phénomène normatif dans le cadre su séminaire Appréciation de la démocratie représetnative.2.

  • Davantage que la déclinaison cubaine de la « débrouille » ou de la « résistance », la lucha est un fait social total qui invite à la description ethnographique de pratiques en situation, afin de mieux comprendre les normes tacites et locales dans lesquelles elle s’inscrit, les contraintes spécifiques auxquelles elle renvoie et le sens de la réalité qu’elle véhicule et perpétue. La lutte/lucha est l’indice d’une forme de vie, et en ce sens, elle est une piste qu’il est difficile de suivre sans accepter de faire feu de tout bois, c’est-à-dire de suivre en réalité plusieurs pistes, à partir d’indices, de traces, de contextes, qui ébranlent toute certitude méthodologique. Les pistes de la lutte mènent petit-à-petit à une vue synoptique. La multiplication des points de vue, combinée à l’analyse, permet finalement, tout en suivant des pistes hachées, de cerner une forme de vie, dans ce qu’elle a d’englobant. La forme du régime dans la durée, en quelque sorte.

Communisme et révolution à Cuba dans le cadre du programme collectif de recherche du CESPRA, Guerres, guerres civiles, révolutions

  • Les dirigeants au pouvoir à Cuba ont réduit toute la trame historique de l’île à une lutte pour l’égalité et la justice sociale, frustrée par le pouvoir colonial espagnol puis l’impérialisme américain, avant que la guérilla du Mouvement du 26 Juillet, dirigée par Fidel Castro, ne permette le « triomphe de la Révolution ». Certains historiens de la Révolution cubaine expliquent le « virage communiste » de 1961 par un complot ourdi de longue date par Fidel Castro et son entourage, tandis que d'autres l'inscrivent dans le contexte propre à la Guerre Froide, qui selon eux ne laissait face à l’hostilité des États-Unis que l’option d’une alliance avec l’Union Soviétique. Il est néanmoins impossible, d’une part, de rendre compte de la cassure révolutionnaire à Cuba en se limitant à une analyse de la configuration armée et des intentions des acteurs politiques, au gré de circonstances imprévisibles, et, d’autre part, de réduire le processus révolutionnaire à un projet nationaliste alimenté depuis la première guerre d’indépendance en 1868 par des frustrations fonctionnelles. Cette conférence aura pour objectif de décrire la mise en forme idéologique de la révolution cubaine et l’établissement d’un nouveau système de règles à partir de l’interaction entre les répertoires de l’action collective et les modes de soutien au nouveau pouvoir, afin de comprendre comment un nouveau régime politique s'est constitué à partir de la refonte du droit, du relai et de l'appui des communistes et de la création des organisations qui ont fourni une assise bureaucratique au nouveau pouvoir, sans pour autant priver les individus de toute marge de manœuvre et forme de quant-à-soi.  

Annunziata ROCIO

Du au 05/01/2024 au 05/02/2024

Chercheuse adjointe au Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas (CONICET) dans l’Instituto de Investigaciones Políticas (IIP) du CONICET et de l’Université de San Martín (UNSAM), elle enseigne la Théorie Politique dans le programme doctoral en Science Politique de l’UNSAM et la Théorie Politique Contemporaine à l’Université de Buenos Aires. Elle dirige la collection « Pensamiento Político Contemporáneo » chez Prometeo.

Elle s’intéresse aux dispositifs institutionnels de participation et délibération citoyenne, aux budgets participatifs, à la participation citoyenne en ligne et aux mouvements citoyens et travaille aussi sur les leaderships et la politique de proximité en Argentine, se concentrant sur les discours des leaders dans les réseaux sociaux.

Secrétaire puis Directrice de la Recherche de l’Escuela de Política y Gobierno (EPyG) de l’UNSAM de 2016 à 2019, elle est actuellement Conseillère du Conseil Supérieur de l’Université Nationale de San Martín et Membre du Comité Directif de l’Institut de Recherches Politiques (IIP).

Membre du réseau de recherche Instituto da Democracia e da Democratização da Comunicação (INCT-IDDC), du projet Uneven Urban Democracy: inequality and political participation in Buenos Aires de la British Academy, et du conseilscientifqiue de l’organisation People Powered, elle est aussi consultante du Budget Participatif des Jeunes pour Unicef Argentina. 

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Chiara BOTTICI

Du 08/01/2024 au 05/02/2024

Philosophe et écrivaine, elle est professeure de philosophie et co-fondatrice du Gender and Sexualities Studies Institute de la New School de New York. Elle est l'auteure, entre autres, de Imaginal Politics: Images Beyond Imagination and The Imaginary (Columbia University Press 2014), A Philosophy of Political Myth (Cambridge University Press 2007), Anarchafemminism (Bloomsbury 2021) et A Feminist Mythology (Bloomsbury 2021). En français, son Manifeste anarcha-féministe a été publié chez Payot en 2023. Son travail a été traduit dans dix langues; elle travaille actuellement sur un nouveau projet sur l’écologie queer, à l’intersection de la philosophie décoloniale, du féminisme et de la philosophie de la transindividualité inspirée des travaux de Spinoza.

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Tore REM

Du 25/01/2024 au 09/02/2024

Actuellement directeur de l'UiO : Démocratie, une initiative de recherche interdisciplinaire sur la démocratie à l'Université d'Oslo, il est à l'origine spécialiste de la littérature anglaise, dont il est également titulaire d'une chaire. Il a travaillé dans des domaines variés : biographie et écriture de vie, histoire du livre et sociologie littéraire, littérature mondiale et histoire du théâtre, littérature de guerre, justice transitionnelle, ainsi que plus généralement sur la littérature scandinave et britannique des XIXe et XXe siècles. Ses travaux récents portent sur Knut Hamsun : Reisen til Hitler [Le voyage vers Hitler] (2014), une biographie en trois volumes du roi Olav V de Norvège (2020-22), la rédaction générale de la nouvelle édition Penguin Classics de l'écrivain Henrik Ibsen (2014-19) et sa monographie, Scandinavia and the Making of a World Drama (co-écrite avec Narve Fulsås, 2018), et l'anthologie Ibsen in Context (co-éditée avec Narve Fulsås, 2021).

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